1. |
Prony
03:33
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Que ne t’ai je embrassée
Dans la baie de Prony
Loin des affres du temps
À l’autre bout du monde
Dans ce havre de paix
Caressés par la houle
Où les voiliers somnolent
À l’abri du grand large
Que ne t’ai je embrassée
Sur ce lit de terre rouge
Sous les yeux de la nuit
Dans la baie de Prony
Sous les racines denses
Des banians en fleurs
Un éclat de lune
Illumine nos cœurs
Que ne t’ai je embrassée
Au pied des sources chaudes
Dans l’éden turquoise
De la baie de Prony
Où la mer est si pure
Que l’on voit jusqu’au fond
Des âmes dérivantes
Dans l’eau bleu du lagon
Que ne t’ai je embrassée
Dans la baie de Prony
Près des ruines du bagne
D’où n’émane plus l’ombre
De la folie des hommes
Que la nature éloigne
De la folie d’un monde
Qui t’a emmenée
Loin de Prony
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2. |
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Je sortais d'une grande école
Avec l'étoffe d'un ministrable
Mais trouvant gain plus profitable
Je me lançais comme marchand
Ayant le sens du mérite
Dans la famille de mon père
Je dus d'abord me satisfaire
D'une simple échoppe pour mes affaires
Je devins vite riche et célèbre
Le succès fut au rendez vous
A force de persévérance
Et de talent me croyez-vous
Bien sûr que d'autres vous diront
Des langues de putes à foison
Qu'un héritage inopiné fut la raison de mon succès
Mais il est temps que je vous dise
Le fin mot sur mon entreprise
Je vends du vent la belle affaire
Si tout se vend pourquoi pas l'air ?
De l'air pour tous, à tous les prix
De l'air pour vivre plus longtemps
De l'air plus pur et moins gratuit
Pour peu que l'on ait de l'argent
A tous ceux qui n'en avait guère
J'offrais tout de même un bol d'air
En échange de quelques légions d'honneur
Et quelques subventions
Que n'ai je vu le vent tourner
Moi qui suis pourtant vendeur d'air
Voilà que l'on tue mon affaire
Pour quelques morts insignifiants
Voilà que l'on me juge coupable
D'avoir rendu irrespirable
Le moindre souffle d'atmosphère
Pour satisfaire mes actionnaires
Quelques amis fort bien placés
Des avocats grassement payés
Des journalistes d'exceptions
Redorèrent presto mon blason
Devant ce succès médiatique
Poussé par toute ma sainte clique
Je dus me rendre à l'évidence
Je me lançais en politique
J'avais la gueule de l'emploi
Et le cynisme de rigueur
Coupant l'air à mes détracteurs
La démocratie me fit roi
Je sortais d'une grande école
Avec l'étoffe d'un ministrable
Mais trouvant gain plus profitable
Je me fis élire... PRESIDENT !
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3. |
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Un à un, je les ai vus partir,
Pour ne plus jamais apparaître
Tels qu’ils étaient avant qu’ils ne quittent,
Insouciants, leur enfance en chemin
Cheveux blancs ont poussé dans leurs têtes,
Je les vois comme je voyais leurs pères
C’est le temps qui revient en arrière,
C’est le vent qui nous pousse à reculons
Puis à deux, on se lie l’un à l’autre,
Mais parfois à trop s’appartenir
On en perd les raisons de l’amour,
On enterre sa propre liberté
Jalousie alors naît et s’immisce
Entre ceux que l’on croyait heureux
C’est alors qu’on les voit devenir
Des déjà vieux de demain
Puis un soir à force de s’aigrir,
On voit soudain disparaître
De leurs yeux, cette lueur infime
D’une enfance égarée en chemin
Mon amour si un jour il arrive
Que nos liens se tendent et nous enchaînent
C’est alors qu’elle nous fera souffrir
La chanson des déjà vieux de demain
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Laurent Montagne Montpellier, France
Laurent Montagne, ce sont d’abord des textes pleins de poésie et d’intensité, tantôt revendicatif, tantôt contemplatif. Du
sens et du son pour des chansons sous tension.
Auréolé du Coup de cœur de l’Académie Charles Cros, il est entouré de musiciens issus de formations emblématiques de la scène montpelliéraine : Laurent Guillot, Cyril Douay, son ancien acolyte des Acrobates et Pierre-Yves Serre.
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